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Retour sur la table ronde sur l’ingénierie 2035

Communiqué

Retour sur la table ronde sur l’ingénierie 2035

Ingénierie 2035 : Vers une convergence systémique, numérique et souveraine

Le 5 juin 2025, une table ronde d’envergure s’est tenue autour d’un thème prospectif : « Quelle vision de l’ingénierie à venir partageons-nous ? ». Organisée dans le cadre de la communauté Siemens Polarion, cette session a réuni des experts de haut niveau issus de secteurs stratégiques — nucléaire, spatial, automobile, santé et ingénierie système — pour croiser les regards sur les mutations en cours et à venir.

 

Une ingénierie sous tension : complexité, accélération, transformation

L’ingénierie contemporaine est confrontée à une triple pression :

  • Technologique, avec l’irruption de l’IA, des jumeaux numériques, du MBSE, de la cybersécurité et de la connectivité pervasive.
  • Sociétale, avec des attentes croissantes en matière de durabilité, de souveraineté et de résilience.
  • Économique, avec des cycles de développement raccourcis, une exigence de « first-time-right » et une compétition mondiale exacerbée.

Face à ces défis, les intervenants ont esquissé une vision partagée : l’ingénierie de demain sera systémique, collaborative, augmentée et orientée service.

 

Filières en transformation : cinq regards croisés

🔋 Nucléaire : continuité numérique et sécurisation de la chaîne de valeur

Claire Laurent (GIFEN) a mis en lumière les enjeux de la filière électronucléaire française : garantir une production bas carbone compétitive, réussir les projets EPR2 et SMR, et structurer une supply chain cyber-sécurisée. Le GIFEN travaille à la mise en place d’un langage commun inter-entreprises, à la création d’un data space sectoriel, et à la transition du document vers la donnée dans les contrats industriels.

🚀 Spatial : le NewSpace comme catalyseur de rupture

Eric Luvisutto (Club Galaxie / SatConseil) a décrit la révolution du NewSpace : miniaturisation, réduction des coûts, constellations, services à la demande. Il identifie quatre axes critiques : coûtsouverainetédurabilité orbitale et économie de la donnée. Le spatial devient un écosystème agile, où les grands groupes s’adossent aux startups pour innover plus vite, dans une logique de MVP (Minimum Viable Product) et de services intégrés.

🚗 Automobile : de l’objet mécanique au système logiciel

Frédéric Charon (SIA / Faurecia Ventures) a analysé la transformation de l’automobile en système cyber-physique connecté. L’architecture logicielle devient centrale, avec des enjeux de cybersécurité sur 25 ans, de mise à jour OTA, et de gestion des exigences dans des chaînes de valeur complexes. L’approche top-down de Tesla, fondée sur la connectivité native, bouscule les modèles traditionnels. La collaboration est essentielle mais freinée par la complexité contractuelle. Des outils comme Polarion peuvent fluidifier les échanges et accélérer les cycles de développement.

🏥 Santé : le numérique comme levier de soin et de recherche

William Rolland (SNITEM) a exposé la mutation des dispositifs médicaux vers des systèmes hybrides matériel-logiciel, avec des finalités médicales strictement encadrées. L’interopérabilité des données de santé devient un enjeu stratégique pour la recherche, la télésurveillance et la personnalisation des soins. La France, grâce à sa feuille de route pour le numérique en santé accompagnée de sa doctrine technique et à l’espace européen des données de santé, a rattrapé son retard depuis 2019.

🧠 Ingénierie système : colonne vertébrale de la transformation

Pascal Hubert (AFIS / AFNeT Services) a rappelé que l’ingénierie système permet de penser les produits comme des systèmes intégrés dans un cycle de vie complet. L’enjeu est de passer d’une logique produit à une logique mission, en intégrant dès la conception les dimensions d’usage, de maintenance, de démantèlement et de durabilité. La normalisation, la gestion de la donnée et la mutualisation des pratiques sont les piliers de cette approche.

 

Enjeux transverses : vers une ingénierie augmentée

Les échanges ont permis d’identifier cinq leviers structurants :

  1. Interopérabilité et standardisation : condition sine qua non d’une collaboration fluide entre acteurs hétérogènes.
  2. Cybersécurité by design : anticiper les menaces sur des horizons de 20 à 30 ans.
  3. Approche système et MBSE : modéliser les architectures complexes et les exigences multi-niveaux.
  4. Data spaces sectoriels : mutualiser les données dans des environnements sécurisés et interopérables.
  5. Formation et hybridation des compétences : intégrer IA, simulation, réglementation, et gestion de projet dans les cursus.

 

2035 : scénarios d’avenir

Chaque intervenant a esquissé une projection à horizon 2035 :

  • Nucléaire : des projets livrés « first-time-right » grâce aux jumeaux numériques et à la simulation.
  • Spatial : des constellations de satellites multicapteurs, versatiles, pilotés par IA, dans un espace régulé et durable.
  • Automobile : une mobilité repensée, avec des véhicules conçus pour des usages spécifiques, mis à jour en continu.
  • Santé : une médecine prédictive et personnalisée, fondée sur l’analyse massive de données de vie réelle.
  • Ingénierie système : une discipline mature, intégrée dans tous les secteurs, avec des communautés d’experts interconnectées.

 

Conclusion : vers une ingénierie responsable et souveraine

Cette table ronde a mis en lumière une conviction partagée : l’ingénierie de demain ne sera pas seulement technologique, elle sera politique, éthique et collective. Elle devra répondre aux défis de souveraineté, de durabilité et de résilience, tout en intégrant les ruptures numériques et organisationnelles.

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